Le Palais des Assassins – Tome 2

Plus facile d’assassiner ses ennemis que de se faire des amis ! Grâce à ses efforts, et après plusieurs tentatives de meurtre déjouées dans l’ombre, Karin est enfin devenue servante à la cour intérieure ! Elle partage à présent sa chambre avec des collègues qui, elle l’espère de tout coeur, accepteront d’être ses amies… De leur côté, les demoiselles tremblent à l’idée de froisser la fille du terrible O Ko… jusqu’à ce que Reiko décide de dépasser ses préjugés. Hélas, quelques jours plus tard, cette nouvelle camarade est suspectée d’espionnage ! Est-elle réellement coupable ou victime d’une machination ? L’experte en assassinat est déterminée à mener l’enquête…

Second tome de la série, qui, niveau ambiance, me semble bien loin du tome précédent. Si le premier tome était très humoristique, tout en commençant à dénoncer les magouilles de l’ombre à la cour. Celui semble mettre un peu de côté l’humour pour continuer d’évoquer la part sombre de ce lieu. Lieu qui est d’ailleurs tellement grand, qu’il en devient assez difficile d’en faire le tour, même au travers de différentes séries.

On reprend sur un drame qui a commencé à la fin du tome précédente, puisqu’une domestique, Reiko, a été surprise en essayant d’envoyer une lettre à son amoureux. Visiblement, les échanges avec l’extérieur sont très contrôlés, notamment chez le personnel. C’est normal, l’espionnage existe déjà et quelqu’un surpris à être un espion risque sans doute très gros. C’est en ayant connaissance de tous cela, que certains domestiques, n’hésitent pas à utiliser le peu d’influence qu’ils ont pour mettre à mal les autres. Reiko est donc victime d’une jalousie, de la part d’une autre servante, qui a sans doute peur de perdre sa place ou une opportunité à cause d’elle. La cour peut sembler regrouper tout ce qu’il y a de plus noble au premier abord, mais la réalité est bien plus sombre, et celle-ci est surtout remplie de personnes avides de pouvoir et prêtent à tout pour en obtenir d’avantage. Pas de chance pour le bourreau cette fois-ci, puisqu’elle sera bien remise à sa place par la princesse elle-même. Bien sûr, cela ne retirera en rien le mal qu’à déjà subie Reiko. Mais cette intrigue permet de mettre en avant la princesse Koki, ainsi que ses motivations et sa personnalité. La perte de son frère ainé a visiblement été un vrai choc, qui entraîne désormais beaucoup de colère en elle, colère qu’elle reporte sur le nouvel empereur, plus jeune qu’elle (et qui n’a rien demandé non plus).

D’ailleurs, en parlant du nouvel empereur, il semblerait qu’il soit un personnage récurrent à l’intrigue puisqu’il refait deux apparitions. Notre protagoniste semble également se rapprocher de lui, sans le faire exprès. Dans un sens, ils ont une histoire assez similaire, puisqu’ils subissent tout deux les résultats provoqués par leurs proches. Karin subie une mauvaise réputation (qui semble changer un peu) à cause de son père et de ses frères, mais elle a aussi des problèmes physiques, comme le manque de sommeil à cause des cauchemars qu’ils provoquent chez elle. Pour l’empereur, il est enfermé dans une cage dorée, surtout après ce qu’il s’est passé avec l’autre prince. On ne lui a pas vraiment demandé son avis, et le voilà devenu empereur, avec des soi-disant responsabilités, alors que tout cela n’est en réalité que de l’apparat. Il a l’impression d’être faible et inutile, j’imagine qu’il n’a pas vraiment de poids politique. Il aimerait juste s’entendre avec sa sœur, mais sa rencontre fortuite au cours du tome lui indique que c’est impossible. Il semble également avoir la santé fragile, mais quand l’esprit ne l’est pas, c’est un peu normal.

Pour Karin, les choses ne vont pas vraiment en s’arrangeant, entre la visite imprévue de l’un de ses frères ainés, et sa nouvelle affectation, on peut dire qu’elle n’a vraiment pas de chance. D’un autre côté, sa nouvelle affectation nous montre une nouvelle partie de la cour, une partie cachée, car honteuse. J’ignore à qu’elle point cette partie est historiquement vraie, mais dans le cas présent c’est tout de même peu joyeux. La cour étant une ville à part entière, elle fourmille d’individus. Parmi ceux-ci, il y a évidemment les favorites de l’empereur (le jeune empereur n’en a sans doute pas encore). Malheureusement, la place de favorite n’est pas obtenue pour toujours, bien au contraire, elle peut être fuguasse. Ainsi, si la beauté commence à faner, pour quelques raisons que ce soit, celle-ci perd sa place au profit d’une autre. Les déchues sont donc envoyées dans un coin qui leur est dédié, mais elle passe des femmes les plus « entretenues » et puissantes… à pire que des servantes. Une telle déchéance est assez choquante, mais tellement logique avec la vision de la cour. Pour la cour, toutes les personnes ne sont que des instruments, des objets, même les courtisanes qui servent uniquement à faire des bambins, le prochain empereur. Même si elles acquièrent un peu de pouvoir, celui-ci vaut-il vraiment le coup ? Surtout, qu’elles attirent aussi toutes les convoitises… et les jalousies.

L’illustration de la jaquette représente assez bien la relation qu’entretien Karin avec son frère ainé (même si je pense que c’est assez similaire avec les autres également). Elle n’a pas vraiment honte de lui, mais elle ne semble pas l’apprécier pour autant. Tandis que lui semble s’amuser à voir ses réactions. La pauvre, elle n’a vraiment pas eu de chance de tomber dans une telle famille. Après, son frère ne semble pas lui vouloir du mal non plus, il ne faut pas oublier que lui aussi doit servir les attentes de son père. La couverture montre une nouvelle facette du quotidien de Karin, notamment son programme de la journée. Il n’y a rien de plus dans ce tome, si ce n’est quelques belles planches à regarder.

En bref, le premier tome m’avait laissée assez dubitative, je pensais que l’intrigue serait légère avec des petites histoires courtes. Mais ce second tome montre tout le contraire, avec un côté plus sérieux et sombre qui arrive, sans pour autant effacer complètement la comédie.